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Politique

La politique ivoirienne comme le téquèlafil : la ronde des jeunes filles ( Parti I)

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Au pays des « Ils- ne- voient- rien », le propriétaire de la Case  constate avec amertume que  ses propres enfants refusent d’entrer dans la case paternelle. Les adultes qui y allaient, rebroussent chemin, en  masse.  Quelqu’un a-t-il mis le feu à la case? La fumée sort de toutes parts. Mais qui sont donc les  pyromanes? L’aveugle affirme que c’est bien le commandant du camp et tout son Groupement des Sapeurs-Pompiers -Militaires. Ce commandant a bien vu certains de ses soldats s’approcher de la case en paille avec des allumettes et de l’essence. Mais, il n’a pas osé leur dire de faire attention à une case si vulnérable, déjà marquée par les pluies torrentielles des saisons dernières. Aujourd’hui,  il en paie le plus lourd tribut. : les murs se  lézardent, le toit tombe, la maison se consume. Les efforts des soldats n’y peuvent rien. L’eau manque à la fontaine et les soldats commencent à perdre courage et espoir. Les enfants se dispersent, le père baisse la tête, le commandant baisse la garde. Le temps semble compter, le compte à rebours a bien commencé. Mais le commandant, c’est le père devenu. Pour s’abriter, il demande aux enfants de revenir dans la case. Mais ceux-ci n’ont plus confiance; ils croient que la case va s’écrouler, à coups sûrs; ils exigent du commandant, leur propre père, une assurance solide, de nouveaux maçons et de nouveaux matériaux pour une nouvelle construction.
Le père ne comprend pas ses fils « ingrats ». Voyant ses propres fils déserter la maison familiale, le père leur dit de ne jamais oublier d’où ils viennent. Mais on oublie très rapidement son passé si le présent n’est guère reluisant; en certaines circonstances, on peut même revivifier son passé si le présent est devenu tragique et drastique, si le présent tant escompté est devenu une désillusion. On ne peut vouloir le présent que s’il fait oublier les tragédies douloureuses du passé. Aujourd’hui, encore, Le Père n’a toujours pas encore été entendu par ses fils. Le sera-t-il? La confiance peut-elle revenir? Pour le moment, le Père demande de l’aide aux voisins qui s’étaient opposés, jadis,  à la construction de ladite case .Mais la case avait quand même fini par voir le jour malgré moult tracasseries. Ils avaient  fini par céder; ils avaient même aidé le propriétaire de la Case à l’embellir, des années durant, après leur refus cinglant.
Aujourd’hui, voyant la même case en ruines, le même propriétaire, l’ami du voisin qui refuse et qui accepte,  demande encore aux mêmes voisins de transformer cette case en immeuble, de bâtir ensemble un édifice  solide sur du roc et en béton, un  immeuble à 5 étages. Oui le jour, non la nuit, rétorque le voisin qu’on appelle le Père- Éléphant mais aussi celui qui fait venir la pluie pour éteindre les feux, même les plus destructeurs et cruels. Mais cette fois, la pluie tarde à venir, la saison est bien sèche. Le Père-Éléphant veut faire promener ses petits dans une nouvelle forêt, vertigineuse .Il a besoin, lui aussi, de re-construire son propre logis, de l’embellir afin  de dormir tranquillement auprès des siens. Qui emprunte, prête et qui donne, a aussi le droit de recevoir. La politique est devenue du « TÈQUÈLAFILI », du «  TÉKÈLATOLÔN », un jeu de jeunes filles,  une ronde à laquelle chacune d’elles participe  en tapant les mains. Chaque fille, à tour de rôle, se tape les mains et se jette dans les bras des autres; ces dernières l’accueillent, la repossent et l’acceptent pour  permettre à la deuxième  de renouveler le cycle et à la première de reprendre la place que la deuxième vient de laisser vacante. La ronde doit continuer. Toutes les filles doivent y participer pour que le jeu ait un sens. Les nominations, les concours, les administrations, les élections, le jeu politique tout court, dans ce pays, est bien une figure imagée du TÈQUÈLATOLON, ce jeu de mains des jeunes filles qui est devenu aujourd’hui un jeu d’intérêts, un jeu de dames, mais, désormais, pratiqué par les hommes.
Mais , en réalité, Le Père Éléphant a perdu de son agilité, de sa superbe  et de sa force. Il a du mal à marcher, il  trottine, il subit le poids des âges, le tumulte du temps, et ce temps a fait son effet. Il a, hélas,  handicapé la famille Éléphant, qui jadis,  avait lutté contre les plus grands braconniers venus de la Côte d’AZUR. L’éléphant avait fini par s’imposer grâce  à la carrure d’un vrai mâle, d’un grand mâle, qui savait rassembler sa troupe , qui savait parler à sa troupe pour la galvaniser, la revigorer pour affronter les grands défis. Mais ce grand mâle n’y est plus; le temps a eu raison de lui , les belles choses désespèrent; malgré son combat, son intrépidité, il a lâché prise. Il s’en est allé dans le regret de n’avoir pas pu former un grand mâle,  comme lui,  pour conduire la troupe, pour de nouveaux défis, pour de nouveaux combats. Tout n’est qu’éphémère, le monde ne se construit pas en un jour, les nations aussi. Le soleil d’un seul homme n’éclairera jamais l’humanité toute entière. Ainsi en va-t-il des nations et des peuples.
Cependant, aujourd’hui, ces fils le réclament à cor et à cri et se revendiquent encore de lui; à défaut de faire ressusciter le Grand-Père, certains fils réclament encore le Père , déjà, fatigué par l’usure du temps et du pouvoir, pour exercer encore le pouvoir, signe de leur impuissance, de leur faiblesse et de leur incapacité à continuer une œuvre déjà commencée, à la mener à terme. L’histoire serait-elle donc un perpétuel recommencement? C’est à l’achèvement d’un processus difficile qu’on découvre l’originalité des grands hommes. En existe-t-il encore, ces grands hommes, dans la grande forêt aux Éléphants, dans le pays des Ivoires?
On ne fait pas les cultes des morts, on les dépasse. À force de chanter les louanges du Grand-Père Éléphant et les mérites du Père en leur vouant un culte, en les considérant comme irremplaçables, en les divinisant, on finit par perdre toute créativité et toute invention, mais aussi toute morale du combat. Jésus n’a pas ressuscité Moïse pour pouvoir s’imposer à son peuple. Il a juste parlé de Lui. Les éléphanteaux, les petits fils, ne connaissent pas le Grand-Père. Ils veulent vivre leur temps, ils veulent être au mieux de leur temps. Ils demandent qu’on arrête de leur rabâcher les oreilles des prouesses passées. Ils revendiquent les prouesses d’aujourd’hui, celles de leur temps; elles ont pour nom la  diminution du chômage, l’école pour tous, l’égalité des chances aux concours administratifs et professionnels, la paix, la démocratie, l’assurance- maladie, le développement. Le nom ne fait pas les grands hommes, mais les actes. Ces éléphanteaux-là, ne croient plus en leurs Pères –Éléphants; ils veulent apprendre à marcher d’eux-mêmes, à se nourrir et à marquer leur propre territoire avec pugnacité et détermination. Ils revendiquent leur liberté et se disent que sans aide, ils arriveront à bout de leur ennemi; belle prétention, courageuse ambition mais l’ennemi  aussi a appris à se battre, il sait se battre et souvent au prix de sa vie.
Samba Diakité 
 



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