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Devoir de mémoire: Oluale Kossola, du Bénin à l’Alabama

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La traite des Noirs est officiellement interdite sur le territoire américain à partir du 1er janvier 1808. Dès lors, nul nouvel esclave n’est censé entrer aux Etats-Unis. Et pourtant, 52 ans plus tard, Cudjo Lewis part d’Ouidah vers les Etats-Unis. Il est le dernier survivant de la traite négrière transatlantique. Sa mémoire est encore célébrée dans la communauté d’Africatown, en Alabama.
Une enfance dans le Dahomey
Cudjo Lewis naît dans le royaume du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) sous le nom d’Oluale Kossola aux alentours de 1840. Il est le second d’une fratrie de 4. Vers l’âge de 14 ans, il commence sa formation de soldat. En 1860, alors qu’il n’a pas encore 20 ans, son village est attaqué par Ghezo, roi du Dahomey. Kossola, comme bien d’autres, est fait prisonnier avant d’être envoyé à Ouidah où il est réduit aux travaux forcés.
De la liberté à l’esclavage
C’est à Ouidah que William Foster achète Kossola. Foster est le capitaine de la Clotilde, une goélette aux cales aménagées illégalement pour y entasser des hommes réduits en esclavage. L’armateur de cette goélette est Timothy Meaher, un riche homme d’affaires de Mobile en Alabama. Kossola, accompagné de 110 à 160 autres Africains, passe 45 jours sur le Clotilde, le temps d’une longue traversée de l’Atlantique.
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Lithographie des cales du navire Le Clothilde, dans lesquelles voyagèrent Kossola et les autres esclaves.
Les autorités fédérales ont eu vent de l’arrivée de la goélette et de sa cargaison, prévue le 8 juillet 1860. Foster est conscient de son crime. Certaines versions assurent qu’il a organisé ce voyage à la suite d’un pari, sûr de sa capacité à se jouer des autorités. Le capitaine Foster arrive donc de nuit dans la baie de Mobile et transfère son chargement illégal dans une nouvelle embarcation, puis brule la Clothilde. Les esclaves sont ensuite repartis entre les différents investisseurs de la Clothilde. Timothy Meaher en garde 30 pour servir ses affaires.
Kossola et sept autres Africains sont donnés à James Meaher, frère de Timothy Meaher. Devant les difficultés qu’éprouve James Meaher à prononcer le nom Kossola, ce dernier lui suggère de l’appeler «Cudjo», nom donné aux garçons nés un lundi, par les Fons et les Ewés. Pendant 5 ans, Cudjo travaille en tant qu’esclave. C’est la fin de la guerre civile qui rend à Cudjo sa condition d’homme libre. Les soldats de l’Union l’en informent officiellement le 12 avril 1865.
Le temps de la liberté
Après son émancipation, Cudjo prend le nom de Lewis. Désireux de rentrer en Afrique, Cudjo Lewis et les autres affranchis travaillent et économisent. Se rendant compte que leurs efforts sont vains, ils demandent à Meaher de leur concéder des terres. Maher refuse. Les anciens compagnons de la Clothilde achètent alors de quoi fonder leur propre communauté. C’est la naissance d’Africatown, où Cudjo résidera pour le reste de sa vie. Africatown devient un véritable morceau d’Afrique de l’Ouest, en Alabama. Aujourd’hui, Africatown existe toujours, témoignant ainsi du destin extraordinaire de ce groupe d’affranchis.
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Plaque commémorative se trouvant dans la communauté d’Africatown en Alabama.
Cudjo Lewis devient citoyen des États-Unis en 1868. En 1880, il se marie à Celia, autre passagère du Clotilde qui partageait sa vie depuis de nombreuses années. Ensemble, ils ont cinq fils et une fille. Cudjo travaille à la fabrique de pièce de charpenterie jusqu’en 1902, lorsqu’il est blessé dans un accident de train. Il devient alors le sacristain d’Africatown.
Cudjo Lewis, passeur de mémoire
En 1927, Zora Neale Hurston filme Cudjo, et en fait le « seul Africain victime du commerce des esclaves dont on possède une image en mouvement existe ».
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Photographie de Cudjo Archives de l’Université d’Alabama du Sud.
Durant les dernières années de sa vie, Cudjo a joué un rôle important de passeur de mémoire, racontant l’histoire de la Clothilde, transmettant sa culture du Dahomey et partageant son histoire avec des journalistes et des historiens.
Cudjo Lewis a survécu à ses compagnons du Clotilde, et est devenu le dernier survivant du dernier navire négrier à entrer aux États-Unis.
Il meurt le 26 juillet 1935 à l’âge estimé de 94 ans.



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