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Politique

Liberté provisoire pour Djibril Bassolé : Pourquoi maintenant ?

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Le mercure du thermomètre sociopolitique est monté d’un cran à Ouagadougou, depuis l’annonce de la liberté provisoire accordée au Général Djibrill Bassolé par le président de la Chambre de contrôle près le Tribunal militaire. Certaines organisations de la société civile et non des moindres, ont immédiatement appelé leurs camarades à protester contre ce qui semble être à leurs yeux, du « wourga-wourga » juridique pour extraire de la Maison d’arrêt et de correction des Armées (MACA), un homme poursuivi pour un crime aussi grave que la « trahison ». Au regard de la possible dégradation de la situation, la force publique a été déployée tôt hier matin pour quadriller le secteur de la Justice militaire qui devait être le point de ralliement des protestataires. On n’avait pas fini d’épiloguer sur les tenants et les aboutissants de cette sortie de prison pour le moins inattendue du premier Général de la Gendarmerie nationale incarcéré à la MACA depuis fin septembre 2015 pour son implication présumée dans le putsch perpétré quelques jours plus tôt par un autre Général, Gilbert Diendéré, qu’on apprenait en milieu de matinée que Bassolé et ses proches devraient encore s’armer de patience, car le commissaire du gouvernement se serait opposé à sa libération. Ce coup de théâtre a naturellement ravivé les débats dans les grins, les gargottes et les milieux politiques, en raison non seulement de la stature du pensionnaire de la MACA, mais aussi et surtout des appels et des manifestations pour sa libération à laquelle rien, a priori, ne s’opposerait juridiquement. Nonobstant l’avis du Commissaire du Gouvernement, le juge militaire est, pour ainsi dire, resté droit dans ses bottes, puisque Djibrill Bassolé a fini par obtenir sa liberté provisoire le  mercredi en fin de soirée. Mais au moment où nous tracions ces lignes, les tractations étaient toujours en cours concernant son lieu de résidence entre son domicile et une résidence à Ouaga 2000 où il devrait être mis en surveillance. En tout état de cause, cette libération de l’ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, continuera à faire jaser l’opinion publique dans les jours et semaines à venir en raison de son timing, puisqu’elle intervient quelques jours seulement après des révélations sur l’effectivité des contacts téléphoniques entre le Général et Guillaume Soro Kigbafori,  qui auraient eu pour but d’apporter un soutien aux putschistes pendant que ces derniers étaient poussés au confinement forcé dans leur caserne de Naaba Koom.
Cette sortie de prison repose le récurrent débat sur l’indépendance de la Justice au Burkina Faso
Ceux qui ont battu le macadam hier pour dire non à cette libération « suspecte », se posent la question de savoir pourquoi maintenant, alors que les avocats de Djibrill Bassolé et le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies se sont heurtés jusqu’ici au refus catégorique du Tribunal militaire de libérer l’illustre hôte de la MACA. Pourquoi précipiter cette sortie de prison, alors que l’audience de confirmation des charges de la Chambre de contrôle est prévue pour le 25 octobre prochain ? La libération de l’une des dernières icônes du système Compaoré encore embastillées à la MACA, pourrait se présenter comme une fenêtre d’opportunité politique pour le régime actuel, dans le cadre global de la réconciliation nationale et des jeux d’alliance en perspective dans les milieux politiques.  Le MPP au pouvoir pourrait également et opportunément présenter cette « résidence surveillée » comme une réponse aux cris de cœur lancés par les partisans de Djibrill Bassolé aussi bien au niveau de son parti politique (la NAFA) que de son Sanguié natal, en espérant engranger des dividendes électoraux, le moment venu. C’est justement cet arrière-plan politique qui semble agacer le plus ceux qui ruent dans les brancards depuis mardi dernier. Les parents des victimes du putsch insensé du Général Diendéré n’ont pas encore fait leur deuil, et toute action tendant à élargir les supposées têtes pensantes du malheureux événement, ne peut être perçue que comme  une provocation par le peuple insurgé.  Mais comme la justice a ses raisons que la raison ignore,  on peut comprendre qu’elle ne fasse pas une fixation sur Djibrill Bassolé juste pour contenter une opinion publique dite revancharde, alors que plus de 60 personnes également inculpées dans le même dossier, ont déjà été provisoirement libérées pour à peu près les mêmes raisons, et certaines ont même vu leurs charges totalement abandonnées. C’est donc ce « deux poids, deux mesures », cette justice à géométrie variable que les partisans de Bassolé dénoncent, parce que pour présumé coupable de trahison qu’il puisse être, il ne doit pas faire les frais d’une justice utilisée comme instrument pour régler des comptes politiques. En tout état de cause, cette sortie de prison pleine de rebondissements, repose en toile de fond le récurrent débat sur l’indépendance de la Justice au Burkina Faso. Espérons que la décision controversée du tribunal militaire n’est pas la conséquence de pressions multiformes, mais plutôt le fruit d’un acte souverain et libre du pouvoir judiciaire burkinabè.
Hamadou GADIAGA

 



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