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Au Canada, terre d'asile de réfugiés qui fuient les Etats-Unis

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Pour échapper à la politique anti-immigration de Trump, Haïtiens, Syriens, Yéménites ou Afghans affluent à la frontière américano-canadienne.
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Sergo Exina est entré au Québec le 2 août 2017, à pied. Depuis, il est logé au stade olympique de Montréal, mis à disposition pour accueillir l’afflux récent de demandeurs d’asile haïtiens venus des États-Unis. Ils seraient environ 6 400 depuis janvier 2017, dont 3 000 depuis début juillet, originaires de Syrie, du Yemen, ou encore d’Afghanistan, à avoir emprunté un petit passage dans le bois pour trouver refuge au Canada. Une augmentation de 220% par rapport à l’année 2016, que beaucoup associent aux politiques anti-immigration de Donald Trump.
 «Cela faisait neuf mois que j’étais aux États-Unis, explique Sergo Exina.Ma demande d’asile n’avait pas encore été traitée et depuis l’élection de Trump, j’entendais parler d’Haïtiens arrêtés par la police et renvoyés en Haïti malgré leur statut temporaire. J’ai commencé à avoir peur.» Ce sont majoritairement des Haïtiens qui traversent la frontière ces derniers jours pour tenter de rejoindre une diaspora de près 150 000 personnes, en raison des menaces brandies par le chef d’Etat américain de retirer leur statut de protection temporaire. 58 000 Haïtiens ont été accueillis aux États-Unis après le terrible tremblement de terre de 2010, qui avait fait plus de 220 000 victimes.
Périple
Sergo avait quitté Haïti en 2012 pour s’installer au Brésil avec sa femme. Il y a travaillé deux ans avant de perdre son emploi. «Nous avons eu une petite fille au Brésil. Les conditions de travail ne me permettaient pas de subvenir aux besoins de ma famille. Avec un ami, nous avons décidé de partir pour les États-Unis», raconte-t-il. Il débute alors un périple de plusieurs mois, traversant illégalement une dizaine de frontières à pied, en bateau, à travers des forêts. Objectif : rejoindre le New Jersey où réside l’un de ses amis. «Je n’imaginais pas venir jusqu’au Canada. J’espérais trouver du travail aux États-Unis pour être payé en dollars américains. Vous n’imaginez pas tout ce que je pouvais offrir à ma famille avec seulement 100 dollars américains.» Mais la réalité est bien différente de celle qu’il avait imaginée. Il n’est jamais parvenu à se procurer un permis de travail malgré ses demandes successives. Il résume : «Le quotidien des immigrés aux États-Unis est très difficile. Nous sommes vraiment mal traités.»
Sam, un Syrien débarqué au Canada à pied par la forêt, avec sa femme et leur bébé de six mois en mai 2017, confirme la difficulté des conditions d’immigration aux États-Unis, surtout après le muslim ban : «Je suis arrivé aux États-Unis un mois avant l’élection de Donald Trump. Depuis, le traitement de ma demande d’asile a été suspendu et les problèmes administratifs ont commencé. On a retiré à mon fils l’accès à l’Obamacare sans que je puisse m’y opposer. J’ai tout fait pour trouver des solutions, j’ai dépensé toutes mes économies. Puis un jour, j’ai entendu parler de ce passage vers le Canada.»
Sam et sa famille font alors de nouveau leurs bagages et prennent le bus jusqu’à la ville de Plattsburgh, à 40 minutes de la frontière. De là, ils louent une voiture et suivent le GPS jusqu’à l’adresse du chemin trouvée sur internet. «Une fois arrivés devant la frontière, j’ai appelé l’agence de location pour leur dire où récupérer le véhicule et nous avons emprunté le chemin dans le bois», raconte-t-il. En quelques minutes, ils sont au Canada. «J’ai trébuché et je me suis blessé à la jambe. J’ai essayé d’appeler le 911, mais je n’avais pas de réseau dans la forêt. Nous avons continué à avancer et une vingtaine de minutes plus tard, un agent de police est arrivé.»
Eloges
Sam reste profondément marqué par la gentillesse de ce douanier : «Il nous a tout de suite rassurés en nous disant que nous étions en sécurité. Il a porté nos bagages et nous a demandés si on avait besoin de quoi que ce soit pour le bébé.» Trois mois plus tard, la famille a trouvé un logement et commencé à établir une nouvelle vie grâce à l’aide gouvernementale accordée aux réfugiés. Sam ne tarit pas d’éloges pour «son nouveau pays» et n’ose pas imaginer que sa demande d’asile puisse être refusée. «Depuis que nous sommes au Canada, mon fils est calme et heureux. Sa mère aussi. Ce que ce pays nous offre, je souhaite lui rendre au centuple», explique celui qui passe ses journées comme bénévole dans un centre d’aide aux réfugiés, en attendant d’obtenir un permis de travail.
Sergo n’est au Canada que depuis une semaine, mais il espère lui aussi que la suite de son parcours ressemblera à l’accueil qu’il a reçu : «Ce pays est formidable. Je suis extrêmement bien traité ici. Je mange trois fois par jour», sourit-il. Il se projette désormais : «On m’a dit que j’avais de bonnes chances de voir mon statut régularisé. J’ai hâte de pouvoir travailler et de faire ensuite venir ma femme et ma fille que je n’ai pas vues depuis plus d’un an.»
 



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