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Trump coupe les fonds, l’Amérique monte au front

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Le président américain a présenté jeudi un budget qui taille drastiquement dans l’aide aux plus pauvres, la santé, l’environnement ou encore la culture… De quoi alimenter une résistance citoyenne ravivée par la suspension du deuxième décret anti-immigration.

On en connaissait la ligne directrice : augmenter massivement les dépenses militaires en réduisant toutes les autres. Les détails du premier projet de budget de Donald Trump, dévoilés jeudi, confirment les pires craintes. Dès sa publication, les réactions indignées se sont multipliées, notamment sur Twitter, où le hashtag #TrumpCuts («les coupes de Trump») a essaimé. «Les #TrumpCuts sont tout à fait sensés si vous détestez l’air propre, les emplois sûrs, l’aide pour les personnes âgées, la recherche médicale, la science et les arts», a ironisé Marc Perrone, un dirigeant syndical.
Le document d’une cinquantaine de pages décline en chiffres l’idéologie du nouveau président et de sa garde rapprochée : «America First» («l’Amérique d’abord»). Une Amérique barricadée, ultraprotégée, face à une double menace terroriste et migratoire perçue comme existentielle. Une Amérique repliée sur elle-même, où la lutte contre le changement climatique et l’aide aux pays pauvres n’auraient plus guère leur place. Une Amérique prête à sacrifier la recherche scientifique, le soutien aux plus modestes, l’accès à la culture ou la protection de l’environnement pour davantage de navires de guerre et d’avions de chasse.

Expulsions

Soyons clairs : ce budget de rupture n’a quasiment aucune chance d’être adopté en l’état par le Congrès, qui détient in fine les cordons de la bourse. Or, même si la Chambre des représentants et le Sénat sont contrôlés par les républicains, la majorité parlementaire et le Président sont loin d’être à l’unisson sur ce dossier. D’ores et déjà, plusieurs responsables conservateurs ont manifesté leur opposition à certaines coupes envisagées, notamment en matière d’aide au développement. Malgré cela, le budget final, qui doit être négocié et adopté avant le début de l’année fiscale, le 1er octobre, pourrait se révéler désastreux pour des millions d’Américains. Face à l’ampleur de la menace, les démocrates promettent une bataille épique contre ce projet qualifié de «dévastateur» par les chefs de l’opposition au Sénat et à la Chambre, et de «moralement obscène» par le sénateur Bernie Sanders.
Dans le détail, le budget Trump prévoit une hausse de 52 milliards de dollars (plus de 50 milliards d’euros) pour le Pentagone (près de 10 %) et de 2,8 milliards pour le département de la Sécurité intérieure (près de 7 %). «En ces temps dangereux, ce budget de sécurité nationale est un message au monde, un message sur la force et la détermination de l’Amérique», martèle le Président. Dans ce budget 2018, 2,6 milliards de dollars sont alloués au financement du mur avec le Mexique et 314 millions de dollars au recrutement de 1 500 agents chargés de la surveillance des frontières et des expulsions. Pour compenser cette explosion des dépenses sécuritaires, tous les autres ministères et agences fédérales verraient leur budget réduit, parfois de manière drastique. A l’image du département d’Etat (diplomatie), privé de 28 % de sa dotation, soit 10 milliards de dollars. Cette réduction affecterait principalement l’aide internationale, en éliminant par exemple la participation américaine au Fonds vert de l’ONU pour climat. Les contributions du pays aux Nations unies et aux banques de développement, dont la Banque mondiale, seraient également rétrécies.
Autre exemple d’initiative que l’administration Trump souhaite supprimer : le programme McGovern-Dole, géré par le département de l’Agriculture, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial, qui doit déjà faire face à une famine menaçant 20 millions de personnes. D’un coût d’environ 200 millions de dollars, il fournit une aide alimentaire à plus de 2 millions d’écoliers dans une dizaine de pays pauvres.

Effervescence

Tout un symbole, l’institution la plus durement touchée serait l’Agence de protection de l’environnement, en pointe dans la lutte contre le changement climatique. Son budget serait amputé de 31 %, ce qui se traduirait par la suppression d’un cinquième de ses effectifs et l’interruption de 50 programmes. Le budget des centres nationaux de santé (NIH), principale institution publique en charge de la recherche médicale, serait réduit de 20 %. D’autres programmes fédéraux, comme le Fonds national pour les arts, seraient rayés d’un trait de plume.
Pour les anti-Trump, ce budget nourrit un peu plus le désir de résistance. Depuis l’élection du nouveau président, ces opposants manifestent dans les rues, devant les tribunaux ou les aéroports. Ils adhèrent ou donnent à des associations. Ils harcèlent leurs élus dans des réunions de quartier, par téléphone ou par mail. Sonnés le soir du 8 novembre, «encore en deuil aujourd’hui», selon les mots d’une activiste new-yorkaise, les anti-Trump se mobilisent en masse. Une effervescence citoyenne inédite, assurent certains, depuis les grands défilés pour les droits civiques des années 60. Le «muslim ban», dont la deuxième version a été suspendue par un juge d’Hawaï mercredi, alimente aussi la contestation.
Le mouvement finira-t-il par s’essouffler, comme avant lui Occupy Wall Street et, dans une moindre mesure, Black Lives Matter ? Le risque est réel. Mais tant que Trump poursuivra son agenda et ses déclarations controversés, l’opposition semble destinée à prospérer. Les décrets anti-immigration, l’accélération des expulsions, la relance de projets contestés d’oléoducs, les accusations infondées d’espionnage contre Obama et le plan désastreux de réforme de la santé n’ont fait qu’attiser la fureur des anti-Trump. «Malheureusement, il nourrit notre rage, explique Brad Lander, un élu démocrate de Brooklyn. Jour après jour, il va continuer à mettre de l’essence dans notre moteur.»
Frédéric Autran Correspondant à New York



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