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La difficile mue démocratique

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La Guinée n’en finit plus de faire parler d’elle, en termes de manifestations violentes qui se soldent toujours par des morts d’hommes. Quand ce ne sont pas des manifestations politiques, ce sont des revendications sociales qui finissent généralement de façon dramatique, comme cela a encore été le cas le 20 février dernier, suite à la grève des syndicats de l’enseignement qui a débouché sur des violences meurtrières dont le bilan officiel fait état de cinq morts et une trentaine de blessés à Conakry. Le plus affligeant, c’est que l’on parle d’un accord qui aurait été trouvé avec le gouvernement, mais cela n’a pu empêcher  la mort par balle de manifestants. Mais pourquoi diantre cette propension à la violence, avec des manifestations qui se soldent presque toujours par des pertes en vies humaines en Guinée ? Du temps des Sékou Touré, Lansana Conté ou autre Dadis Camara qui se sont tous voulu des hommes de poigne, l’on aurait pu comprendre la volonté pour l’Etat de s’imposer plus par l’argument de la force que par la force de l’argument. Mais aujourd’hui, avec l’ouverture démocratique et l’arrivée du professeur Alpha Condé au pouvoir, l’on avait cru que les choses changeraient. Mais force est de constater que la Guinée peine véritablement à opérer sa mue démocratique, en marquant une rupture avec certains réflexes dignes des périodes de dictature.
En effet, pour de simples revendications corporatistes, avait-on besoin de déployer l’artillerie lourde ? En tout cas, au regard des conséquences dramatiques enregistrées, il y a lieu de croire qu’il y a eu utilisation disproportionnée de la force à l’encontre des manifestants. Ce qui a eu pour conséquence de faucher inutilement des vies humaines dont on aurait pourtant pu faire l’économie. Et ce n’est pas la première fois que la Guinée s’illustre de façon aussi triste, à la face du monde. L’on se rappelle encore la répression barbare, en 2009, du stade du 28 septembre, qui avait laissé plus d’une centaine de macchabées sur le carreau. Ou encore de ces violences postélectorales de 2015, où une demi-douzaine de personnes sont passées de vie à trépas.
 
C’est l’impunité qui explique la persistance de tels comportements excessifs
 
Avec les événements de lundi dernier, la Guinée donne le sentiment d’être coutumière du fait,  si elle ne donne pas tout simplement l’impression de traîner une tradition de violence. Cela n’est pas en son honneur et il est temps que les choses changent. Pour cela, il faudrait que les autorités guinéennes comprennent une fois pour toute que la démocratie a ses exigences, parmi lesquelles figure en bonne place le respect de la liberté d’expression. Et les manifestations de rue, pour autant qu’elle respecte les dispositions de la loi, en font partie. En tout cas, ce n’est pas au président Alpha Condé que l’on pourrait faire la leçon ; lui qui, du haut de son statut d’opposant historique,  aura consacré une bonne partie de sa vie à la défense et à la promotion des libertés individuelles et collectives. Autrement, ce serait donner l’impression que les habits de la démocratie et de l’Etat de droit sont trop grands pour la Guinée.
Dans le cas d’espèce, l’on a envie de se poser la question suivante : qui a donné l’ordre de tirer et pourquoi ? En tous les cas, c’est le pouvoir qui en porte l’entière responsabilité morale et politique ; lui qui est sans doute à la base de la réquisition des forces de l’ordre. Mais quelles qu’en fussent les raisons et même si le mouvement  n’était pas autorisé, rien ne justifie que l’on tire à balles réelles sur des manifestants aux mains nues, dont le mouvement de protestation ne menaçait visiblement pas la sûreté de l’Etat. C’est pourquoi il faudra chercher à situer les responsabilités pour que ces actes ne restent pas impunis. Car, l’on a malheureusement l’impression que c’est l’impunité qui explique la persistance de tels comportements excessifs de la part des forces de sécurité qui donnent finalement le sentiment qu’elles ont aussi besoin d’être formées pour être des armées véritablement républicaines. Il est donc temps que les forces de l’ordre opèrent aussi leur mue pour répondre aux exigences de l’Etat de droit.
 
Outélé KEITA
 

 
 



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